Raki, Ouzo et Rakomelo

Publié le par Marc Lemonier

Raki, Ouzo et Rakomelo

Le vin dans les îles est servi dans des pichets de métal orangé ou bleu turquoise, on le vend au kilo ou au « misso kilo » Il a un léger arrière goût de résine qui lorsqu’il est servi très frais, c’est le cas, devient tout à fait plaisant. On le boit évidemment dans de tous petits verres dépourvus de pieds.

… Tout comme le raki, qui se consomme dans des verres un peu plus petit encore, à la terrasse de l’Astroloulodou ou du Koufo Rolio, et que l’on vous apporte dans des carafes galbées de 250 centilitres, avec des verres d’eau glacée. Boire du raki est un exercice compliqué, il ne faut ni trop être trop pressé – cela monte vite à la tête – ni le siroter, on n’a pas compressé tous ces kilos de mou de raisin pour cela. On boit donc chaque verre cul-sec avant de soigner sa gorge – le raki reste l’une des boissons les plus proches de l’alcool pur - en prenant un peu d’eau.

On évitera de boire de l’Ouzo au verre, une habitude que l’on perd assez rapidement. Ce n’est pas du pastis, ce n’est pas une boisson individuelle, mais un exercice que l’on partage. L’ouzo se commande en petites bouteilles de 50 centilitres, que l’on vous apporte avec des verres vides, des verres d’eau glacées et de grands bols de glaçons. La suite est affaire de rituels amicaux : qui ouvrira les petits bouchons de métal dont le déchirement de la couronne annonce le début des libations, qui mettra les glaçons, se servira t-on chacun à son tour ou l’un d’entre vous sera-t-il préposé au service… Les bouteilles succèderont aux bouteilles, l’Ouzo sera accompagné de mézès, des assiettes de fromage, d’olives, des petits beignets.

Et puis il y a le Rakomelo, l’une des boissons favorites des habitants des petites Cyclades et des alentours d’Amorgos. La recette en est simple, 8 proportions de raki pour deux proportions de miels, plus quelques ingrédients, tel que du clou de girofle. Chaque insulaire à sa propre recette, notre amie Moscha nous en offrit un jour une fiole d’une belle couleur ambrée, dont le contenu se révéla redoutable. L’épicière Elepteria fabrique le sien et le commercialise dans des bouteilles décorées d’étiquettes représentant le village ou la plage. Il est particulièrement sucré et apparemment inoffensif. Mais rien n’est plus traître que cette boisson doucereuse au premier abord qui ne révèle ses dangers qu’au fil de la soirée.

Car le Rakomelo se consomme tiède, les flacons qui le contiennent, les mêmes que ceux que l’on utilise pour servir le Raki sont chauffé au bain marie. Cette tiédeur est d’une grande traîtrise, l’alcool chauffé, dissimulé par le miel sucré, provoque sur l’organisme les mêmes effets qu’un grog, il donne l’impression d’adoucir la gorge pour mieux vous abrutir.

C’est pourtant une indispensable expérience.

Tags : Koufonissi, rakomelo, raki, ouzo

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